Idylle (frz)
IDYLLE, (terme de Poésie)
Aus: Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, etc., eds. Denis Diderot and Jean le Rond d'Alembert. University of Chicago: ARTFL Encyclopédie Project (Spring 2013 Edition), Robert Morrissey (ed), http://encyclopedie.uchicago.edu/.
IDYLLE, (terme de Poésie) [Poésie] unknown (Page 8:505)
IDYLLE, terme de Poésie, petit poëme champêtre qui contient des descriptions ou narrations de quelques aventures agréables. Voy. Eclogue. Ce mot vient du grec εἰδύλλιον, diminutif d'εἶδος, figure, représentation, parce que le propre de cette poésie est de représenter naturellement les choses. Théocrite est le premier auteur qui ait fait des idylles; les Italiens l'ont imité, & en ont ramené l'usage. Voyez Pastoral.
Les idylles de Théocrite, sous une simplicité toute naïve & toute champêtre, renferment des agrémens inexprimables; elles paroissent puisées dans le sein de la nature, & dictées par les graces elles - mêmes.
C'est une poésie qui peint naturellement les objets qu'elle décrit; au lieu que le poeme épique les raconte, & le dramatique les met en action. On ne s'en tient plus dans les idylles à la simplicité originale de Théocrite: notre siecle ne souffriroit pas une fiction amoureuse qui ressembleroit aux galanteries grossieres de nos paysans. Boileau remarque que les idylles les plus simples sont ordinairement les meilleures.
Ce poëte en a tracé le caractere dans ce peu de vers, par une image empruntée elle même des sujets sur lesquels roule ordinairement l'idylle. Telle qu'une bergere au plus beau jour de fête De superbes rubis ne charge point sa tête; Et sans mêler a l'or l'éclat des diamans, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens. Telle aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle; Son tour simple & naif n'a rien de fastueux, Et n'aime point l'orgueil d'un vers présomptueux. Art poëtique, chant II.
S'il y a quelque différence entre les idylles & les églogues, elle est fort légere; les auteurs les confondent souvent. Cependant il semble que l'usage veut plus d'action, de mouvement dans l'églogue, & que dans l'idylle on se contente d'y trouver des images, des récits, ou des sentimens seulement. Cours de belles - lettres, tom. I.
Un autre auteur moderne y trouve cette différence, qui n'est pourtant pas absolument générale. Dans l'églogue, dit - il, ce sont des bergers qu'on fait dialoguer entr'eux, qui racontent leurs propres aventures, leurs peines & leurs plaisirs, qui comparent la douceur de la vie qu'ils menent avec les passions & les soins dont la nôtre est traversée. Dans l'idylle, au contraire, c'est nous qui comparons le trouble & les travaux de notre vie avec la tranquillité de celle des bergers, & la tyrannie de nos passions ou de nos usages, avec la simplicité de leurs moeurs & de leurs sentimens. Celle - ci même peut rouler toute entiere sur une allégorie soutenue, tirée de l'instinct des animaux ou de la nature des choses inanimées; tel est le ton de quelques idylles de madame Deshoulieres: d'où il est aisé de conclure que l'idylle pourroit admettre un peu plus de force & d'élévation que l'églogue, puisque sous ce rapport elle suppose un homme qui vit au milieu du monde, dont il reconnoît les dangers & les abus: son esprit peut donc être plus orné, plus vif, moins simple & moins uni que ne seroit celui des bergers, principalement occupés d'idées relatives à leur condition. Princip. pour la lect. des poët. tom. I.